Démocratie réelle ici et maintenant !

Le régime politique républicain, passé et actuel, ne peut être qualifié de démocratie, non en vertu de la dérive autoritaire que l’on connaît depuis quelques années, mais parce que République et Démocratie sont clairement et intrinsèquement distinctes. On le nomme “gouvernement représentatif”, ou mieux, oligarchie. 


La plupart des penseurs, depuis l’Antiquité jusque vers 1830, étaient conscients de l’opposition entre représentation par l’élection, et démocratie par l’exercice populaire de la souveraineté. 

L’élection crée en soi un effet aristocratique par la désignation d’une élite. La démocratie, en revanche, est l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple. Ses grandes caractéristiques sont :

  • la prééminence des assemblées de citoyens qui délibèrent des affaires les plus importantes ;
  • l’utilisation massive du tirage au sort pour constituer des assemblées délibératives, décisionnelles ou de contrôle;
  • la multiplicité des modes de désignation des mandataires, l’élection étant réservée aux postes exécutifs nécessitant une compétence spécialisée et le tirage au sort utilisé à bon escient ;
  • le mandat impératif des mandataires qui leur fixe une mission à laquelle ils ne peuvent déroger, intégrant la reddition  de comptes en permanence et en fin de  mission auprès de la base mandataire; l’association de cette même base mandataire à la prise de décision;
  • le contrôle permanent de leur activité par des citoyens indépendants, et la responsabilité pénale en cas de faute ;
  • l’absence de classe politique rendue possible par la rotation rapide des charges, l’absence de cumul des mandats, la révocabilité permanente de toute personne exerçant une charge ;
  • l’exercice effectif du pouvoir par les citoyens grâce  à leur préparation politique, la possibilité ouverte en pratique à toute personne volontaire de prendre part aux délibérations, au vote ou au contrôle, de proposer/révoquer une loi, un projet ou une décision à tout moment, ou simplement de donner son opinion dans toute instance politique (égalité de parole) ;
  • l’organisation de la souveraineté du peuple à différentes échelles, ou subsidiarité : la responsabilité d’une action revient à l’entité la plus proche des citoyens. Les échelons locaux sont prioritaires, un échelon supérieur devenant responsable si la compétence de l’échelon inférieur est dépassée.

En France, la démocratie n’a jamais été expérimentée. C’est nouveau ! Il suffit de comparer ces caractéristiques avec la situation actuelle pour se rendre compte que la démocratie constitue un horizon politique émancipateur radical, un projet de libération du peuple d’un système qui lui brise les ailes et le réduit à un statut servile dans le travail et de consommateur dans la sphère quotidienne. Avec la démocratie, tout devient possible ! A l’inverse, tout projet politique émancipateur, mais non démocratique, est voué à l’échec au moment où il doit être mis en œuvre, comme l’histoire le montre si bien.

Des possibilités concrètes existent pour une transition démocratique. D’innombrables pratiques sont expérimentées  à travers le monde : référendum d’initiative citoyenne (RIC) révocatoire ou de proposition, conventions ou panels de citoyens sur des sujets difficiles, sondages délibératifs, budgets participatifs, comités de pilotage ouverts, plates-formes internet nationales et locales pour proposer un projet ou un texte ou bien  le voter, tirage au sort d’assemblées (ex. Sénat citoyen) ou de groupes de contrôle, démocratie en entreprise (Scop, propriété d’usage, salaire à la qualification…), démocratisation à l’école (pédagogies alternatives, philosophie à l’école, GRDS – groupe de Recherche sur la Démocratisation Scolaire…), logiciel libre et licence creative commons, technique du jugement majoritaire, pratiques d’intelligence collective (sociocratie, élection sans candidat, consensus…), consentement libre, préalable et éclairé, systèmes de gestion amiable des plaintes, justice réellement transitionnelle se tournant vers plus de “sûreté” (garantir les droits des usagers), confédéralisme démocratique (Rojava/Syrie du Nord), votations (Suisse), ateliers constituants, assemblée constituante, sociocratie, etc. Il y a des alternatives, il suffit de les vouloir ! Et de commencer à les imaginer ensemble. 

C’est pourquoi l’association Emanciper revendique l’horizon démocratique comme finalité et comme moyen pour tendre vers une véritable souveraineté populaire

Emanciper soutient le Réseau Salariat,   une association d’éducation populaire qui vise à diffuser et expérimenter les thèses de Bernard Friot, économiste et sociologue. Elle défend :

  • la  reconnaissance que toute personne majeure – chômeur·euse·s, retraité·e·s, hommes et femmes au foyer inclus –  travaille et  produit de la valeur économique ; par conséquent, chacun.e. est créateur.trice. de richesses, et  donc acquiert le  statut politique de producteur de valeur; 
  • le versement d’un salaire à vie (d’environ 1700 à 5000 euros par mois) attaché à la personne impliquant une progression de carrière tout au long de la vie ;
  • la gestion démocratique des entreprises par les salariés eux-mêmes (sur le modèle des coopératives). Donc plus de patrons ni d’actionnaires.
  • les caisses d’investissements collectant les cotisations, gérées démocratiquement par les citoyens: elles subventionneront les entreprises, les allégeant ainsi de tout crédit et dette à rembourser ;
  • en conséquence, une extension de la citoyenneté à l’économie avec une exigence de démocratie réelle; 
  • la mise en commun – ou socialisation – de la valeur économique produite grâce aux cotisations sociales (sur le même modèle que la sécurité sociale), qui finance les caisses, les salaires et permet le développement des services publics. 

De cette manière, les citoyen·ne·s décideront de ce qu’ils veulent produire et comment ils veulent le produire. 
Il sera enfin possible de faire de l’écologie une réalité, ce qui est impossible dans le système capitaliste actuel où la recherche du profit domine toute autre initiative. 

Les inégalités seront réduites à un niveau jamais atteint et la précarité, le chômage et la pauvreté seront abolis. 
Les gens sortiront de l’esclavage économique, retrouveront leur dignité, leur valeur et reprendront le contrôle de leur vie. 

Cette proposition ne sort pas du chapeau mais se base sur des institutions qui existent déjà en France, conquises de haute lutte au 20ème siècle: le régime général de sécurité sociale, la cotisation, le statut des fonctionnaires, les entreprises à statut (EDF, SNCF), les indépendants conventionnés par la sécu, les retraites et le chômage (comme salaire continué), etc. 

Ces institutions ne demandent qu’à être étendues pour mener à bien ce programme et changer la vie. 

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