Interview des restos du coeur
Publié par Emanciper le
Interview des Restos du Coeur
Le 8 Avril 2022, Émanciper est allé au coeur des initiatives associative de l’agglomération Chambérienne et a décidé d’aller à la rencontre de l’antenne locale des Restos du Coeur, afin de prendre acte de leur situation et leur revendication actuelle, à travers la personne d’Edithe, référente ressource bénévole de l’association au niveau départementale depuis une dizaine d’année. Elle fait aussi la distribution au centre de Chambéry, centre le plus important des restos du cœur de Savoie. Voici la restitution de ce qui s’est dit ce jour-là.
La France entière connaît cette association, mais souhaiteriez-vous développer vos objectifs personnels avec les objectifs des restos du cœur ?
L’objectif des restos du coeur est de venir en aide aux plus démunis, à travers l’alimentation bien sûr, étant donné que c’est à travers ça que l’association s’est créée en 1985, et à partir des besoins alimentaires on a aussi connaissance des problématiques des gens et on essaye de les aider dans d’autres domaines comme les micro crédits, les départs en vacances, l’apprentissage du français, le retour à l’emploi, l’aide juridique. En somme, un ensemble d’aides qu’on peut apporter par nos petits moyens pour que les personnes délaissées puissent s’insérer dans la société.
Sinon, quelle est la situation des Restos du cœur à l’échelle nationale ?
Ce que je sais c’est qu’on sert plusieurs millions de repas par an, qu’on est une asso à but non lucratif régie par la loi de 1901, déclinée dans 118 associations départementales. Il y a donc des départements où il y a plusieurs associations départementales pour éviter un ensemble trop important qui ne serait plus à échelle humaine. Ces associations départementales sont conventionnées elles aussi par la loi 1901 avec l’association nationale. Cette convention est renouvelée chaque année après l’assemblée générale.
Qu’en est-il de votre situation au niveau départemental ainsi que local, et quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer ?
Ici en Savoie nous avons 11 centres de distributions, nous servons par semaine environ l’équivalent de 13000 à 14000 repas sur l’ensemble du département. La principale difficulté rencontrée à Chambéry est le fait qu’il y a environ 600 familles inscrites, corrélées à une hausse des fréquentations du centre. Avant nous avions plus d’inscription, et nous servions moins de repas. Maintenant on a moins de familles inscrites mais nous servons plus de repas, les gens viennent davantage et il est par moment compliqué de suivre cette demande.
Durant ces 5 dernières années, avez-vous pu observer une diminution ou une augmentation des solidarités envers votre association ?
Je pense que dans l’opinion publique d’une façon générale en France et en particulier en Savoie, les Restos du cœur ont une bonne image. Cette association est très nécessaire et a malheureusement fait ses preuves. Ici en Savoie, alors qu’on est au cœur d’un département qui n’est pas sinistré au niveau économique sans grosse poche de pauvreté, on en retrouve néanmoins trop et on a tout de même besoin des Restos du cœur. Au moment de la crise sanitaire, il y a deux ans, les municipalités nous ont été d’une aide précieuse, elles se sont mises au service des associations pour que la pauvreté n’explose pas, pour que les gens puissent continuer à recevoir de l’aide de notre part.
Vous pensez donc que les politiques actuelles sont plutôt agressives et responsables de cette situation ?
C’est sûr que s’il y a ce genre de problèmes en France, c’est qu’il y a des raisons idéologiques à ça, c’est évident. Je me répète mais c’est anormal qu’un pays riche comme la France ait autant de gens qui ne peuvent subvenir à des besoins aussi basiques et essentiels que les besoins alimentaires.
Avez-vous connaissance de la proposition concernant la sécurité sociale de l’alimentation. Y êtes–vous
favorable, et pourquoi ?
Moi personnellement je n’avais pas connaissance de cette propositionn avant notre entrevue, mais ayant
connaissance du fonctionnement de la sécurité social je vois assez bien en quoi la sécurité sociale de l’alimentation pourrait consister, et je suis assez favorable à ce genre d’idées.
Avez-vous des revendications que vous aimeriez faire connaître pour votre association, que ça soit à l’échelle locale, départementale, nationale, ou toute autre échelle qui vous vous semblerait pertinente ?
Ce que je sais, ce qui est dur finalement c’est que quand Coluche a créé cette association en 1985, je ne pense pas que 37 ans plus tard il aurait pu imaginer que ça aurait un tel impact. Je pense que dans son esprit, et dans l’esprit des gens qui étaient avec lui, il fallait donner un coup de main, il fallait résoudre une situation, mais je ne pense pas qu’il croyait que ça allait perdurer plus de trois décennies, et ça je trouve que c’est quelques chose de terrible. J’aimerais bien qu’un jour tout ça soit terminé. Les Restos du cœur ne sont pas fait pour perdurer. Toutes les associations qui remplissent ce genre de mission c’est pour combler les manques de la part de l’Etat. Normalement les gens ne devraient pas vivre dans la misère. Notamment s’ils travaillent, s’ils sont à la retraite après avoir travaillé toute leur vie. Ce sont des choses qui ne sont pas concevables.
Article par Yohann Ryon en collaboration avec Jami Derriouche
Relecture par Chloé Mismac