Le communautarisme, un terme à récupérer
Publié par Emanciper le
Communautarisme: un terme à récupérer
Le point de vue de Yohann Ryon, membre d’EMANCIPER
Le terme de communautarisme est bien implanté depuis les dernières élections, mais quel est la réelle signification de ce terme ? Est-il adressé aux bonnes personnes ? Aujourd’hui le journal d’Emanciper va mettre en avant ce terme sous un jour nouveau qui aurait toujours dû être le sien, car l’utilisation de ce terme aujourd’hui galvaudé n’a d’équivalent que la manipulation des esprits que l’on retrouve chez les Jedi.
Tout d’abord, revenons sur la signification du terme en prenant pour base une définition venant d’un dictionnaire à portée purement descriptive comme le Robert. Selon leur définition le communautarisme est une « Tendance à faire prévaloir les spécificités d’une communauté, des communautés (ethniques, religieuses, culturelles, sociales…) au sein d’un ensemble social plus vaste. » Donc si on s’en tient à cette définition ce terme ne peut pas être cantonné à la vision étriquée, islamophobe qui en est faite aujourd’hui. Maintenant que l’on a vu que cette définition pouvait être plus large on peut aussi vérifier si l’utilisation qui en est faite aujourd’hui en majorité est pertinente ?
Si on suit des experts sur le sujet qui ne sont pas Manuel Valls, Macron, Lepen, ou Zemmour qui n’ont aucune des qualifications requise pour parler de ce sujet ( sociologue, politologue, historien) nous nous retrouvons avec un constat totalement différent. En effet Haouess Seniguer qui est lui directeur adjoint de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (EHESS/CNRS) démonte totalement ce terme dans le livre présent sur CAIRN « Laïcité, hôpitaux, soignants » au cœur d’un chapitre nommé Le communautarisme : faux concept, vrai instrument politique dont voici le lien pour que vous vous en fassiez une idée https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2017-1-page-15.htm En résumé on y décrit le fait qu’il n’y a pas de communautarisme de la part de cette communauté.
Cependant si on suit les reproches fait aux musulmans en France on peut noter qu’ils tiennent plus de la projection de la part de la communauté bourgeoise, après tout, les critiques sont : « Ils ne vivent qu’entre eux ». On passera sur le fait que ceux qui émettent cette critique amalgame une religion et les quartiers difficiles démontrant donc un réel manque de méthodologie ainsi qu’une extrême droitisation de la droite de manière générale et on va expliquer en quoi cette phrase n’est qu’une projection.
Rappelons donc que les gens vivant dans les quartiers, fustigés par cette bourgeoisie communautariste, ne sont pas ici par hasard, ils n’ont ont pas décidé de faire un entre soi, mais à cause des politiques de gentrifications et de paupérisation qui font que les gens pauvres restent pauvres, et que les seuls loyers abordables du pays pour ces catégories sociales sont dans ces quartiers.
Alors que les bourgeois eux ont des revenus, ont le choix de vivre ou ils le souhaitent. Pourtant on remarque qu’il y a un véritable entre soi qui s’opère à un point ou beaucoup d’entre eux vivent en quartier résidentiel fermé à la population comme le mettent en avant les Pinsons-Charlot, sociologue de la bourgeoisie dans leurs travaux. On a par exemple des quartiers véritable « Ghetto pour riche » comme un quartier bien célèbre de Marne La Coquette, rajoutons à sa la politique des écoles privées certes à peu près abordable jusqu’au lycée mais ou les prix peuvent commencer à 4800 euros à l’année « Pour les étudiants entrant à HEC en 2022, le coût total des droits de scolarité (hors année de projet professionnel) s’élève entre 4 800 € et 43 500 € selon les situations sociales des étudiants. » https://www.hec.edu/fr/grande-ecole-masters/doubles-diplomes-en-ad amenant ici un véritable entre sois qui fonde la communauté. De plus si on veut pouvoir profiter des réelles opportunités de carrière dans ces écoles il faut aussi pouvoir entretenir un réseau au moyen de soirée payante non abordable pour les quelques étudiants ayant obtenu un prêt.
Je vous laisse en source avec cette superbe vidéo des camarades Usul et Ost qui résument et illustrent à merveille le propos que je veux amener https://youtu.be/vGUho2Dt2kY . Que dire aussi du constant chantage à l’exil fiscal et aux délocalisations des entreprises à la moindre demande de contributions à l’impôt, et à la moindre idée de mesure sociale, bien sur soutenu par notre gouvernement et les représentants de la droite, qui tous ont une base sociologique disons assez similaire.
En résumé, étant donné que la France est sensée être (si on en croit sa devise républicaine) un pays qui prône l’égalité et la liberté il faut croire que ces libertés ne concernent que les acteurs les plus riches de la société, et l’égalité ainsi que la solidarité n’en parlons pas. Pourtant si les musulmans dans notre pays agissaient de manière similaire ne parleraient on pas, de sectarisme ainsi que séparatisme avec la République ? Alors pourquoi quand c’est du groupe social bourgeois dont il est question on ne parle plus de communautarisme ?
Retournons-leur ce stigmate qui devrait leur être adressé particulièrement à eux qui ont les pratiques communautaires les plus fortes et exclusive de cet Etat français communautarisé par le club des friqués. Rappelons au passage que vous ne pouvez pas adhérer dans des clubs de millionnaire ou milliardaire et que leurs réunions aussi se font en non-mixité avec le prolétariat ce qui aurait de quoi les choquer normalement vu leurs prises de positions habituelles. Non ? Ben écoutez je n’ai rien dis, il n’y a pas de deux poids deux mesures chez les communautaristes bourgeois.
En dernier exemple récent nous pouvons aussi rappeler le mépris de classe de monsieur Ciotti relatif au port de la cravate et du costard qui si on inversait les rapports de domination pourrait rappeler les plus belles heures des polémiques sur le burkini et autres Hijab, rejoint de près par Renaud Muselier qui fustige une gauche qu’il considère comme « une gauche sale, débraillé » si on sort du mépris de classe ce qui est consternant c’est de voir cette obsession de la bourgeoisie qui voudrait par des injonctions nous forcer à être comme elle jusqu’à en faire une véritable police du vêtement, projet qui aurait été considéré comme communautariste et qui amènerait selon eux à un péril de la République si il était porté par des associations musulmane sur (au hasard) le port du voile. On a donc la un traitement des questions à deux vitesses qu’on pourrait qualifier de véritable racisme institutionnalisé cachant en réalité leurs propres obsessions communautaristes. Reprenons donc ce mot et envoyons le à la tronche de ces bourgeois hypocrites qui n’on de cesse de s’indigner que lorsque ces attaques touchent à leurs communauté.
En conclusion, je dirai qu’il faut se réapproprier ce mot le sortir de sa signification raciste actuel et l’employer de manière massive contre la bourgeoisie afin de pouvoir inverser le rapport de force de cette lutte de classe, et un jour pouvoir enfin la terminer en en finissant avec le communautarisme. Je finis par une petite citation de monsieur Haouès Seniguer « il y aurait un entre soi socialement acceptable, et un autre qui le serait beaucoup moins »