CORRUPTION DES MOTS

Publié par Emanciper le

LE MOT DEMOCRATIE

Par Gérard VOLAT

« La corruption de la cité commence avec les mots » Platon

 Il nous faut donc remettre les mots à l’endroit si l’on ne veut pas penser à l’envers. Parce que la corruption du langage entraîne celle des esprits »

La propagande, la désinformation, la manipulation psychologique de l’opinion sont plus que jamais présents dans notre monde ultra médiatisé. Philippe Breton, dans son ouvrage « la parole manipulée »1 reprend et actualise les travaux déjà réalisés par Vance Packard sur la « persuasion clandestine »2 et Serge Tchakhotine sur « le viol des foules par la propagande politique »3. Il cite, également, Andreas Freund qui évoque dans « la mésinformation »4 les « mots piégés ». 

« les mots piégés, écrit-il, ne sont rien d’autres que de la mésinformation véhiculée par des vocables au contenu tendancieux. Une fois passé dans le langage courant avec leur charge de sens démagogique, ils serviront de munitions de petit calibre dans la bataille permanente qui se livre pour la conquête des esprits ».

Échapper à « manipulation linguistique », à la « tyrannie des mots », aux « rails mentaux » qui les véhiculent, n’est pas chose aisée. Nous sommes pris dans des filets rhétoriques tissés depuis si longtemps par un grand nombre de « journalistes ventriloques » et « d’intellectuels complaisants » qui, au lieu d’allumer la mèche, d’éclairer la population, préfèrent jouer « les conseillers du prince ».

Il faut donc donc prendre au sérieux le mot « démocratie », en interroger le sens qui, selon nous, ne peut-être polysémique. Employé en permanence dans tous les médias, de façon galvaudée, nous souhaitons, le réhabiliter comme certains souhaitent réhabiliter les mots « communisme », « socialisme » ou « gauche » qui tous, effectivement, ont été mis dans le ruisseau.

C’est une entreprise considérable car si le mot « démocratie » est tant utilisé, c’est bien qu’il sert « les dominants ». Ainsi, comme d’autres, et dans une novlangue orwellienne, il devient un instrument de pouvoir, une parole, « l’outil politique par excellence, la clé de toute autorité dans l’État, un moyen de commandement et de domination sur autrui »5

Afin de reprendre le contrôle du mot, de se donner, collectivement, des outils d’autodéfense intellectuelle, nous tenterons de revenir aux sources, de tracer des pistes, de décoder, de déconstruire pour comprendre quels sont les leviers et les périodes de l’histoire qui ont permis « l’imposture ».

A suivre…

Voir exposé Démocratie sur http://emanciper.org/introduction-a-la-democratie-reelle/

1 Philippe Breton, la parole manipulée, Éditions la découverte & Syros, Paris, 1997, 2000.

2 Vance Packard, la persuasion clandestine, Calman-Lévy, 1958, 1984

3 Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande politique, Gallimard, 1952

4 Andreas Freund, La Mésinformation, La pensée sauvage, 1991, p.151

5 Jean-Pierre Vernant, Les origines de la pensée grecque,PUF, Paris, 1962, p.121.